2023 - Work In Progress
des anges ordinaires
Souvent je me suis demandé: les pensées qui s’égarent, où vont-elles?
Créatures divines dont la fonction est d’observer, noter, témoigner, rendre compte, les Anges assurent aussi cette tâche de fixation des choses apparemment sans importance.
La distance respectueuse des Anges par rapport au monde adulte est une approche pleine de tendresse, même si leur ironie est bien présente. Ces êtres sans nom perçoivent nos plus intimes désirs, témoins des passions et des angoisses des humains en recherche de sens et de beauté.
L’Ange observe les hommes et les écoute. De l’enfant qui dessine au vieux poète usé par les années qui se traine pour retrouver son passé. De l’automobiliste qui se fait renverser à la délicieuse acrobate qui s’élance dans les airs. L’Ange observe donc, mais n’a rien à apprendre. Oui, il sait déjà tout. Depuis toujours. Le temps des questions n’est jamais arrivé pour lui: il sait où commence le temps et où finit l’espace, il sait que celle-ci s’inquiète pour son fils ou que celui-là ne souhaite pas croiser sa soeur. Et il est épuisé de savoir.
On a tous pu se demander quelquefois si les petits gestes quotidiens, aussi insignifiants soient-ils, sont observés par un esprit quelconque qui s’en souvient et pour ainsi dire les retient, comme dans un livre de contes ou dans une encyclopédie, ou si, en revanche, ces gestes apparemment anodins sont abandonnés au fleuve du devenir, rejetés et oubliés pour l’avenir.
A la naissance, un Ange rend visite à tous les enfants et conte à chacun sa vie à venir. En repartant il laisse une marque au-dessus de la bouche, signe de l’amnésie du savoir. Pour naître, il faut oublier. Mais si chaque homme oublie ce secret, l’Ange lui se souvient et porte ce fardeau, celui de connaître le secret de la vie.
Lorsque l’enfant était enfant, il ne savait pas qu’il était enfant. Mais l’Ange n’a jamais été cet enfant et il souhaite le devenir. Pour lui, rejoindre le monde des hommes c’est posséder enfin cette marque de l’Ange. Pour les Anges, la liberté commence où le savoir finit.
Photographier les Anges, c’est retrouver autant que possible la magie de la vie quotidienne, le merveilleux de la vie en paix, pour qu’elle ne tombe pas dans l’oubli. Ainsi mes photographies remplissent la tâche des anges. Dévoiler ces images est ma solution profane et imparfaite pour accomplir une tâche traditionnellement divine.
Dans ce sens, l’usage du noir et blanc pour les Anges, comme s’ils ne voyaient que l’essentiel des choses, est incontournable.
Merci à Wim Wenders pour son film "les Ailes du Désir" qui m'a permis de rencontrer ces Anges.
Merci à Eliséo Subiela pour son film "No te mueras sin decirme adónde vas" qui m'a permis de voir au-delà.
I have frequently asked myself: where do the thoughts that stray go?
It is reassuring to imagine that they are heard, collected.
Angels, divine creatures whose function is to observe, note, witness, report, the Angels also perform this task of fixing apparently unimportant things.
The respectful distance of the Angels from the adult world is a tender approach, even if their irony is present. These nameless beings perceive our innermost desires, witnessing the passions and anxieties of humans in search of meaning and beauty.
The Angel observes humans and listens to them. From the child who draws to the old poet worn out by the years who drags himself to find his past. From the motorist who is run over to the delightful acrobat who leaps into the air. The Angel observes, but has nothing to learn. Yes, he already knows everything. He has always known. The time for questions has never arrived for him: he knows where time begins and space ends, he knows that this one is worried about his son or that this one does not want to meet his sister. And he is exhausted with knowing.
At birth, an Angel visits all the children and tells each one about his future life. When he leaves, he leaves a mark above the mouth, a sign of the amnesia of knowledge. To be born, one must forget. But if every man forgets this secret, the Angel remembers and carries the burden of knowing the secret of life.
When the child was a child, he did not know that he was a child. But the Angel has never been that child and he wishes to become one.
For him, to join the world of men is to finally possess this mark of the Angel. For Angels, freedom begins where knowledge ends.
We have all wondered at times whether the smallest daily gestures, however insignificant, are observed by some spirit that remembers them and, so to speak, retains them (as in a storybook or an encyclopaedia) or whether, on the other hand, these apparently insignificant gestures are abandoned to the river of becoming, rejected and forgotten for the future.
Taking pictures of Angels is to rediscover as much as possible the magic of everyday life, the wonder of life in peace, so that it does not fall in the lapse of memory, Thus my photographs fulfil the task of the angels.
Unveiling these images is so the profane and imperfect solution of a traditionally "divine" task
In this sense, the use of black and white for the Angels, as if they only see the essentials of things, is unavoidable.
Special thanks to the film "Der Himmel über Berlin" by Wim Wenders who allowed me to meet these Angels.
legal © copyright etienne renzo
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